Abigael s’attacha les cheveux en une queue-de-cheval haute et se tourna vers son ami Azraël. « Alors prêt à éliminer les kilos que t’as pris hier ? »Puis un sourire apparut sur son visage et elle lui mit une tape qu’elle qualifiait comme étant amical dans le bras de son ami. Ce qui entraîna son hilarité. Elle l’aimait bien, elle s’amusait tellement avec lui. Abigael et Azraël c’est une amitié qui date d’il y a quelques années déjà. Ils se sont rencontrés lorsqu’il avait 14 ans, lors de son arrivée à Tromso. Du moins rencontrés … la jeune femme avait 25 ans à l’époque donc elle avait d’autres préoccupations que de discuter avec un de ses amis de son frère. Mais le jeune homme a décidé d’apprendre à la connaître en disant avoir besoin d’aide pour ses études et lui a donc demandé. Ce fut à partir de là que leur amitié commença à se créer. Et même si 11 ans de différence les séparaient, ce n’était pas bien grave, ils se comprenaient et rigolaient très bien ensemble.
La jeune rousse se mit à courir en petite foulée, rien ne servait de courir à fond pour un début de jogging après tout. Son visage n’avait toujours pas disparu. Elle était contente de pouvoir faire du sport dehors par un temps aussi radieux au lieu de s’enfermer dans une salle de fitness. C’était bien pourtant ce sport il était vrai, mais à la longue ça devenait très ennuyant. Il faudrait qu’elle se mette à essayer des sports de combat qui bouge vraiment, juste une fois pour tenter … elle se mit à réfléchir sur ses propres pensées et en conclut que ce week-end, elle kidnapperait (façon de parler) son petit frère et sa cousine pour une session cours de boxe. Cela avait parfois du bon d’avoir une famille qui appréciait particulièrement le sport surtout tout ce qui bougeait. Dommage que Niklas ne pouvait pas avoir du temps libre pour en profiter avec eux. Abigael soupira à cette simple idée. C’était vrai que des fois, elle aimait bien profiter de son fiancé même si cela ne se faisait pas aussi souvent qu’elle le voulait. Elle secoua la tête, comme pour se dire d’arrêter de penser à ça. Ce n’était mais alors pas du tout le moment. « Et mais au fait Az’ ! Tu as fait des arts martiaux toi non ? »Même en courant, elle réussissait à tenir une conversation sans sourciller, l’habitude sans doute. Son ton était à la fois amusée et joyeux. A croire que la bonne humeur de son ami était contagieuse parfois s’en était presque … troublant. Oui troublant c’était bel et bien le mot. Le voir sans cesse sourire, rigoler jusqu’en à avoir mal aux côtés, c’était à se demander si il le faisait exprès ou non. Une fois la jeune femme avait osé lui poser la question lorsqu’il avait eu le culot de rire quand elle avait malencontreusement tombé en piquant un sprint. Et celui lui non, il le faisait pas exprès il était juste atteint du syndrome de la bonne humeur. Bon et bien … il y avait alors deux races de gens dans le monde : Ceux qui affichaient toujours un sourire sur leurs lèvres donc comme Azraël et enfin l’autre espèce c’est-à-dire ceux qui ne pouvaient s’empêcher de mordre et détestaient sourire bêtement comme Abigael. Et elle le vivait très bien même si cela lui avait valu quelques ennemis étant petite. Trêve de bavardage. La jeune rousse regarda les familles tranquillement assise dans l’herbe qui rigolaient, souriaient, étaient content de se retrouver tous ensemble et ne put s’empêcher une nouvelle fois de repenser à Niklas. Devait-elle dire vraiment se marier avec lui ? Etait-il le bon ? Et si elle faisait une grave erreur en étant avec lui ? Ses sourcils se froncèrent lorsqu’elle chercha une réponse à sa dernière question. Bien sûr que non, elle ne faisait pas d’erreur ! C’était lui, l’homme de sa vie, elle le savait très bien pourtant, et elle se posait toujours les mêmes questions. Niklas lui avait en quelque sorte sauver la vie, c’était son héros, celui qui la maintenant en vie un peu plus chaque jour. C’était lui et encore lui qui l’avait aidé à sortir du cercle vicieux qu’est la drogue et c’était en partie pour lui qu’elle n’y touchait plus. Bien qu’en réalité parfois elle subisse comme un manque et se mords les lèvres jusqu’au sang pour ne pas y retoucher. Alors elle trouvait réconfort auprès de la nourriture mais finissait par se détester donc par se faire vomir. Abigael était rempli de défauts, elle n’était en aucun cas la fille parfaite et elle le savait très bien. Elle savait qu’elle n’avait pas envie d’ouvrir les yeux sur sa boulimie ni même sur son addiction au sport qui mettait sa santé en péril, pour la simple et bonne raison que si elle se confrontait à la dure réalité, cela la briserait en morceaux. Donc elle préférait vivre dans un mensonge, en disant que tout pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et si elle disait que non ça n’allait pas, que oui en effet la nourriture était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour stopper ses larmes, cela lui rappelait le divorce de ses parents. Aujourd’hui même à 32 ans, elle ne leur avait jamais pardonné d’avoir subitement gâché une famille qui semblait si heureuse pour le reste de leur vie. Réaction puérile ? Peut-être mais elle s’en moquait complètement. Elle n’avait pas envie de pardonner, encore un de ses défauts d’ailleurs. Pour elle, le mal était déjà fait ça ne servait à rien de retourner en arrière car cela ne pouvait en aucun cas effacer les cicatrices qui s’étaient faites de plus en plus grande au fil des années. Oui revenir sur le passé ne faisait que souffrir encore plus. Quant au présent, il n’était là que par distraction pour éviter de penser au passé. Et le futur ? Et bien pour Abigael penser au futur lui faisait bien trop peur.